Martin Klôwè – Bordeaux
Okera Duncan est un jeune étudiant et entrepreneur trinidadien âgé de 21 ans .

En Bachelors en business international et durable (International and sustenible business) à la University of the West Indies au Arthur Lok Jack Global School of Business, il crée l’entreprise Sapienza (connaissance et sagesse en italien) Educational Service en mars 2019.
Le jeune homme se décrit comme une personne courageuse et créative passionné des langues et des voyages. Okera est également le président du CGMT initative (Caribbean Global Multicultural Task Force Initiative), une association étudiante qui promeut les cultures et les langues par la pratique.
Questions/Réponses
Quel est ton but avec cette entreprise ?
Il s’agit de permettre de pratiquer les langues en plus de les enseigner, ne proposant pas simplement des exercices à faire mais aussi du contenu en ligne que les gens pourront suivre. Je cherche à permettre d’apprendre la culture qui existe à travers la langue. Dans la Caraïbe le fossé linguistique est si important entre les différents locuteurs de l’anglais, du français, de l’espagnol, et du néerlandais qu’il limite nos interactions. Les anglophones ne savent pas vraiment ce qui se passe dans les territoires francophones. De même, il existe une très grande ignorance vis-à-vis des cultures hispanophones et latino-américaine, nos voisins directs. J’essaie de réduire le fossé linguistique et voir comment cela peut contribuer au commerce entre ses différentes parties.
En quoi consiste ton bachelors en business international et durable ?
J’ai choisi cette formation sur les conseils de mes professeurs de College (cours à mi-chemin entre la prépa et l’université). Après un parcours en droit j’ai compris que le business était ma passion. Je ne souhaitais pas non plus me professionnaliser dans les langues. Nous sommes la première promotion de ce programme, nous sommes environ 40 majoritairement des Trinidadiens. En matière d’ouverture internationale, nous collaborons beaucoup avec le Suriname et le Guyana.

Je pense qu’il est important pour nous , Caribéens, de commencer à penser business non seulement au niveau régional mais aussi international. Je pense que même si nous avons déjà certaines choses il nous faut étendre nos réseaux à l’échelle globale. La partie business durable m’a enseigné de nombreuses choses sur le business et me permet via des sécessions de formation de rencontrer des étudiants d’autres universités comme des Guyanais (Guyana). Il s’agit de créer des entreprises durables sous tous les aspects de la société comme l’environnement et la politique. C’est une chose qui prend de l’importance.
Comment est venu ton intérêt pour les langues et comment l’est as-tu appris ?
Au secondaire j’ai étudié le français et l’espagnol puis j’ai approfondi mes connaissances en (6 levels) pour atteindre un niveau B2. Je me suis rendu compte que me lancer dans les langues à un niveau universitaire n’offrait pas tant de perspectives professionnelles que ça. C’est pour cela que j’ai choisi de continuer à renforcer mes compétences en langues en passant différents examens internationaux tout en effectuant ma scolarité en business.
Quelles sont tes interactions avec les autres langues présentes à Trinidad and Tobago ?
Je pense que mon intérêt pour les langues me vient avant tout naturellement. C’est pourquoi je m’intéresse aux autres langues parler sur les îles telles que notre version de l’anglais, notre créole à base lexicale anglaise que nous apprenons naturellement ainsi qu’au patois (c’est ainsi que nous appelons notre créole à base lexicale française) mais c’est une langue qui meurt. Mais je m’intéresse également aux autres langues caribéennes telles que le créole haïtien, le papamiento, le sranan tengo et le taki taki.
Qu’est-ce que Sapienza Educational Service ?
Le projet part des cours de préparation aux examens tels que le CAPE (équivalent du bac à l’échelle de la caraïbe anglophone) que je donnais il y a un an. Au cours de l’année je me suis dit que poursuivre l’expérience dans le champ de la langue pouvait devenir une entreprise viable. J’ai compris qu’il existait une place sur le marché.

Sapienza propose des cours d’espagnol en ligne animés par des locuteurs qui viennent de différents pays de l’Amérique latine. Actuellement j’ai assez peu d’étudiants mais l’entreprise vient de démarrer. Je propose aussi des exercices de langue en ligne qui permettent de travailler à la maison sans se ruiner. En plus de l’aspect linguistique je m’intéresse à l’aspect business en proposant bientôt des cours aux entreprises désireuses d’étendre leurs activités dans des zones non anglophones. Dans le contexte de l’importante migration de Vénézuéliens à Trinidad il devient important de faciliter la communication entre les communautés.
Comment recrute-tu tes professeurs ?
J’ai été en ligne et j’ai mis en ligne des annonces sur différents groupes dans lesquels j’étais membre. J’ai recruté les professeurs sur sélection via des présentations vidéo qu’ils devaient m’envoyer. Je n’ai pas eu d’aide pour cette partie, et j’ai encore des candidats qui attendent pour devenir professeurs.

Les clients essayent d’abord les cours durant avant de commencer à payer. Les cours leur coûtent en moyenne 14 dollars US (12€51), l’entreprise prend une commission mais ne se charge que de la mise en relation entre professeurs et étudiants.
Comment créé t’ont une entreprise à Trinidad and Tobago et quelles sont les difficultés ?
Le processus de création d’entreprise est assez simple et le type que j’ai enregistré est le plus élémentaire. J’ai créé une entreprise de « négociant unique », ce qui signifie que je suis légalement responsable de l’entreprise. Tout d’abord, un peu de recherche est faite pour savoir si le nom choisi pour l’entreprise est déjà pris. Après avoir été établi que le nom est unique, il est réservé et obtenu par l’enregistrement de l’entreprise. Le client peut alors remplir toutes les informations nécessaires : un récapitulatif de l’entreprise et de l’emplacement, après quoi des frais sont payés. Après avoir reçu une date, le client revient pour l’enregistrement de l’entreprise.
L’option d’une « société de personnes » est également offerte lorsque deux personnes ou plus peuvent créer une entreprise et partager conjointement des responsabilités juridiques. Il y a aussi une « société à responsabilité limitée » (LLC ou SARL en français), qui est la structure que beaucoup d’entreprises adoptent après avoir atteint un certain niveau. C’est un système où il y a des administrateurs et les gens peuvent avoir des actions dans l’entreprise. C’est aussi le type de structure d’entreprise où les personnes concernées ne seraient pas légalement responsables de l’entreprise elle-même. Par exemple, si l’entreprise déclare faillite, la banque ne saisirait pas les biens des administrateurs ou des actionnaires, mais l’entreprise et ses actifs seraient responsables de tous les coûts et dépenses. Il faut présenter d’autres documents, comme des statuts de constitution en société, etc., pour une LLC, mais en théorie, cela ne devrait pas être un processus difficile.
Il y a beaucoup de jeunes entrepreneurs à Trinidad, je pense que les jeunes se rendent compte que créer une entreprise n’est pas juste un moyen de gagner de l’argent mais aussi de faire ce que l’on souhaite. Ces entreprises sont très diverses il y en a notamment en e-commerce, il y a aussi des ONG d’aide à la création d’entreprise.
Tu es président de l’CGMT ce qui témoigne de ton attachement pour les caraïbes, en quoi favoriser les échanges interrégionaux est-il important ?
Je pense qu’il nous faut davantage exploiter toutes les richesses et les talents des caribéens et qui pour le moment ne sont pas assez mis en avant. C’est ce que je tente de faire en réduisant les fossés linguistiques.
Le mot de la fin
En définitive je dirais qu’il faut suivre ses passions, peut importer ce qu’elles sont. Même s’il peut être tenté de choisir la voie de la sécurité, en ayant un esprit d’entrepreneur on peut y arriver peu importe la spécialité choisie à l’université. Il n’y a rien de pire que d’assumer des choix qui ne sont pas les nôtres.
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